Diagnostic Réduction Des Risques sur le Cambrésis : l’« ALLER VERS … »

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Notre coordinatrice Maubeugeoise a participé à une réunion organisée par le GrEID de valenciennes sur l’état des lieux de la Réduction des risques sur le territoire du Cambresis. Voici sa synthèse de l’événement   undefined

La Loi de Santé Publique n° 2004-806 du 9/08/2004 reconnait l’efficacité des dispositifs de Réduction Des Risques (RDR), les institutionnalise et pérennise leur financement.

Force est de constater que la couverture territoriale de ces dispositifs est insuffisante, les indicateurs sociaux sont défavorables, les pratiques de consommation et les publics évoluent : il y a urgence à une adaptation avec création de réponses nouvelles aux problématiques rencontrées.

Nommé par l’ARS comme porteur du dispositif, le GrEID (Groupe Ecoute Information Dépendance) de Valenciennes, est porteur d’un CAARUD (Centres d’Accueil et d’Accompagnement A la Réduction des Risques pour Usagers de Drogues). Expert sur des territoires urbains et ruraux, le CAARUD a pu faire un état des lieux concret des réalités locales en matière d’usages de produits psychoactifs et des accompagnements proposés, avec le concours de toutes les structures addictologiques du territoire, des institutions locales qui accompagnent ces publics (champs du soin, de la précarité, de l’évènementiel culturel et festif), les pharmacies et les consommateurs eux-mêmes.

La restitution s’est faite le 26 juin dernier, dans les locaux du CSAPA (Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) TEMPO de Cambrai.

Le GrEID et le CAARUD y étaient représentés par le Directeur, M. Franck MOULART, Mme Sandrine DOBBELAERE, Cheffe de service et Laurence GENTY, éducatrice spécialisée.

Le travail a été réalisé sur 2021 et 2022, sur les secteurs de Caudry, Le Cateau, Solesmes et Cambrai.

L’objectif de cet état des lieux était d’orienter la réflexion sur les stratégies de développement de la RDR sur ce territoire, de réfléchir à des pistes de coopération et de co-construction nécessaires, en tenant compte des moyens financiers dédiés.

Les principaux facteurs d’aggravation de la situation sanitaire sur le Cambrésis sont :

– Les déserts médicaux, (pas de médecin disponible ou acceptant de prendre en charge un nouveau patient sous TSO), le manque d’offre de soin en santé mentale (comorbidités psychiatriques)

– La délocalisation des permanences des structures de droit commun (CPM, CAF) et l’incitation aux démarches via internet : le public précaire n’est pas outillé ou n’a pas les compétences pour son utilisation.

– Une précarité grandissante et une mobilité réduite des patients et/ou un réseau de transports mal couvert.

– Pour une grande partie des personnes rencontrées, une méconnaissance de la dangerosité des consommations, difficultés à se soigner, auto-stigmatisation, réseau de consommateurs (s’éduquent entre eux mais mésusages, idées reçues, « bricolage » avec les produits, peu d’hygiène autour des pratiques, ignorance de la RDR, peur d’être repérés, La Naloxone (prévention des O.D.) mal connue.

– L’arrivée du crack et la dégradation ultra rapide qui fait perdre tout contrôle ; l’accès à l’héroïne et la cocaïne via le réseau lillois qui couvre le territoire avec des méthodes de vente agressives, livraisons, recrutement de revendeurs de plus en plus jeunes, exploités, spoliés, manipulés, parfois maltraités.

– Le constat d’un décalage entre la réalité des consommations et la fréquentation des CSAPA.

Parmi les pistes de réflexions : l’idée de PROVOQUER LA RENCONTRE, de FAIRE LE LIEN entre les institutions et les usagers ressort. Une Unité mobile CSAPA/CAARUD (bus itinérant ?) dont les missions et compétences seraient complémentaires et permettraient de :

– Dépister, accompagner les consommations, favoriser la compréhension, la prise de conscience en vue d’améliorer les pratiques et usages

– Facilité l’accès aux TSO et à la RDR (mise à disposition de matériel, d’information, de kits de Naloxone), accès aux autres traitements, soins spécifiques liés à l’injection, bobologie.

– Supervision des consommations dans le cadre légal des CAARUD, entretiens motivationnels, communication, prévention et démonstration du matériel, prévention des OD.

– Accompagnement aux démarches (au domicile ou tout autre lieu à visée sociale, sensibiliser à l’outil en vue d’une autonomie progressive.

Enfin, pour couvrir le territoire concernant l’accès gratuit au matériel de consommations, un réseau de pharmacies volontaires est essentiel avec sensibilisation des équipes (pour mieux sensibiliser les usagers à la RDR). Après expérimentation, un programme pourrait être développé auprès des confrères pour les rassurer quant à la faisabilité de l’action dans des conditions sereines.

Dans un souci de soutenir le développement du pouvoir d’agir des consommateurs, celui des structures et des territoires, un Comité de pilotage devrait démarrer à la rentrée 2023 pour travailler sur la faisabilité du projet. Des groupes de travail seront constitués pour évaluer les priorités sur le territoire et envisager les mutualisations possibles, ainsi que les 1ères actions de développement de la RDR. L’Association Généralistes et Addictions Hauts de France (Intervisions) s’est inscrite dans la démarche.

En conclusion : l’objectif est un rôle de passerelle entre les structures (soin, hébergement), une articulation du quotidien tenant compte de la réalité (les consommations). Le CAARUD pourrait être ce lien vers la démarche de soin et un relai éducatif. Souplesse et lien de confiance devront être les maîtres-mots pour guider ce futur projet. Il s’agira d’être au plus près des personnes. Ce défi méthodologique suppose de pouvoir s’appuyer sur des relais : tous les partenaires sont invités à apporter leurs expériences et compétences pour enrichir ce projet.