PTC « pète ton crâne », buddha blue, et autres cannabinoïdes de synthèse
Par le Dr Antoine Canat, médecin ressources au sein de Généralistes et Addictions Hauts de France
Qu’est-ce qu’un cannabinoïde de synthèse (CS) ?
Sous l’appellation Spice, K2, Buddha blue, PTC ou pète ton crâne, etc. se cachent le plus souvent des molécules ayant un tropisme sur les récepteurs (CB1 et CB2) aux cannabinoïdes de notre cerveau. On les réunit communément sous le terme de cannabinoïdes de synthèse. A l’inverse de la plante de cannabis (sativa) dont est extrait le cannabis, ces molécules sont produites de manière chimique et artificielle. L’affinité de ces molécules aux récepteurs cannabinoïdes conduit à des effets jusqu’à 200 fois supérieurs au THC, l’une des principales substances psychoactives de la plante de cannabis. Il s’agit de produits illégaux 1. En France, la prévalence d’expérimentation des CS est de 1,3 % parmi les 18–64 ans.
Comment cela se présente-il ?
A l’heure actuelle, les cannabinoïdes de synthèse sont le plus souvent produits dans des pays d’Asie mais il existe également des laboratoires de production en Europe.
Les cannabinoïdes sont produits sous forme de poudre qui pourra ensuite être diluée dans un solvant, inhalé, pulvérisé, avalé, etc… En France métropolitaine, les cannabinoïdes de synthèse ont le plus souvent été consommés sous la forme de liquide pour « cigarette électronique » : PTC, buddha blue, etc.
Quels sont les effets recherchés ?
Les consommateurs de cannabinoïdes de synthèse disent rechercher une détente, une euphorie, un sentiment de joie et de bien-être, une modification de leur perception de la réalité, voire des hallucinations 2.
Quelles sont les complications possibles des consommations de cannabinoïdes de synthèse ?
• Sur le plan somatique, une intoxication aiguë peut entraîner des complications neurologiques, cardiaques, pneumologiques, digestives, et rénales. Certains effets peuvent être graves et conduire au décès (notamment d’origine cardiaque et neurologique) 3.
• Sur le plan psychiatrique, on observe : des troubles du comportement (agitation et agressivité), symptômes psychotiques (hallucinations, délires), des troubles de l’humeur et des idées suicidaires, des troubles anxieux 4 5.
• Les conséquences des consommations de cannabinoïdes de synthèse peuvent être également sociales : déscolarisation, isolement, exclusion, délinquance, trouble du comportement avec violence.
Cannabinoïdes de synthèse et addictions ?
Les cannabinoïdes de synthèse ont un fort potentiel addictif. Le risque addictif est majoré en cas de comorbidité psychiatrique, chez les adolescents et adultes jeunes, les hommes, des personnes présentant des difficultés psychosociales.
Quel accompagnement ?
En cas d’intoxication aigue : les soins sont essentiellement symptomatiques et dépendent de la sévérité de la présentation (hydratation, antiémétique, anxiolytique, neuroleptique). Une hospitalisation peut être nécessaire 6.
En cas d’addiction, les mesures de réductions des risques et des dommages doivent être fortement encouragées. Il n’existe pas, à ce jour, de recommandations médicamenteuses pour accompagner les addictions aux cannabinoïdes de synthèse 7.
La prise en soins des complications et une approche psychosociale doivent être envisagées en priorité.
Le conseil de Généralistes et Addictions Hauts de France :
« La prise en soin peut être complexe, surtout quand la situation mêle des comorbidités aux usages de cannabinoïdes de synthèse. Les plus jeunes des consommateurs (avant 25 ans) peuvent être orientés vers les Consultations Jeunes Consommateurs (CJC), au-delà de cet âge, des consultations en Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) peuvent être nécessaires. En cas de symptomatologie psychiatrique, le CMP constitue également une ressource importante. Il est important de ne pas rester seul·e face à cette situation. N’hésitez-pas à vous rapprocher du pôle d’Intervision de votre secteur afin de pouvoir échanger en Intervision avec les professionnels accompagnant ce patient et des experts en addictologie »
Références :
- Debruyne D, Monzon E, Perino J, Haramburu F, Daveluy A, Lazès-Charmetant A, et al. Usages de substances de synthèse en France et en Europe. Therapies. 1 mai 2021;76(3):221‑8. ↩︎
- Debruyne D, Monzon E, Perino J, Haramburu F, Daveluy A, Lazès-Charmetant A, et al. Usages de substances de synthèse en France et en Europe. Therapies. 1 mai 2021;76(3):221‑8. ↩︎
- Tournebize J, Gibaja V, Kahn JP. Acute effects of synthetic cannabinoids: Update 2015. Subst Abuse. sept 2017;38(3):344‑66 ↩︎
- Akram H, Mokrysz C, Curran HV. What are the psychological effects of using synthetic cannabinoids? A systematic review. J Psychopharmacol Oxf Engl. mars 2019;33(3):271‑83. ↩︎
- Bajyana Songa E, Ballet AC, Marmasse O, Girod C. La chimique : considérations psychopathologiques autour de son usage et de ses abus à La Réunion. Inf Psychiatr. 2022;98(7):564‑70 ↩︎
- Chavance P, Jost D, Briche F, Travers S. Stupéfiants et nouveaux produits de synthèse : les produits, leurs effets, l’intoxication aiguë et sa prise en charge. Prat En Anesth Réanimation. 1 oct 2023;27(5):301‑10. ↩︎
- Lejoyeux M. Les Addictions. Elsevier Masson. 2023. 744 p. ↩︎
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